Obligé de s'expatrier pour l'ascenseur social ?

Je viens d’une famille très modeste : parents immigrés, père caissier, mère au foyer, et j’ai grandi en banlieue dans des quartiers classés ZEP (Zone d'Education Prioritaire). À la maison, on parlait peu français, et j’ai dû me débrouiller pour réussir à l’école avec mes lacunes flagrantes. J’ai toujours cru en l’ascension sociale par le travail (la fameuse chimère qu'on appelle méritocratie): bac mention très bien, prépa, grande école, et j’ai enchaîné les stages pour me donner toutes les chances.

Pourtant, pour ce qui est du milieu professionnel en France, ça a été un vrai combat. Même avec un bon CV, j’avais l’impression que mon nom (très évocateur de mes origines) et mon manque de réseau jouaient contre moi. Mes camarades d’école, quasi tous enfants de cadres, très aisés, avaient des contacts dans les meilleures boîtes et décrochaient des entretiens sans trop d’efforts. De mon côté, malgré un parcours similaire, j’avais un taux de réponse bien plus faible.

Quand j’ai commencé à postuler à l’étranger, dans des pays qui n’ont pas cette image négative qu’on peut avoir en France envers les gens comme moi, les choses ont radicalement changé. Comme par hasard (enfin, pas vraiment), j’ai eu beaucoup plus d’entretiens et de réponses à mes candidatures. J’ai fini par décrocher mon premier CDI avec un salaire à plus de 10k€ net par mois et des avantages exceptionnels.

Je me demande si l’ascension sociale est encore possible en France. Est-ce que le système est aujourd'hui trop fermé pour donner leur chance aux enfants d’ouvriers, d’immigrés ou des quartiers défavorisés ?

Bref, j’aime mon pays, mais j’ai dû partir pour réussir.